Toussaint et chrysanthèmes : découvrez l’origine surprenante de cette tradition !

Vue d’ensemble :

• L’origine peu connue du chrysanthème comme symbole de mémoire
• Les caractéristiques qui rendent cette plante robuste au froid
• Conseils pour maintenir sa beauté après novembre
• Raisons de sa symbolique maternelle en Australie contrairement au deuil

En novembre, il est difficile d’ignorer les chrysanthèmes qui parent les étals de leurs couleurs éclatantes, avant de finir sur les tombes. Mais pourquoi cette fleur en particulier ? La réponse nous ramène à 1919, sous un contexte particulier. Entre hommage post-armistice et coïncidence de calendrier, le chrysanthème s’est imposé presque par mégarde. Découvrons cette tradition qui n’est pas issue du folklore.

Malgré son image liée au funéraire, le chrysanthème mérite une attention différente. Résistant et florifère jusqu’aux premiers gels, disponible dans une multitude de formes et de couleurs… Il représente un excellent choix de vivace pour embellir le jardin en automne. Voici comment cette plante a envahi nos cimetières et pourquoi elle pourrait également embellir vos parterres.

La conquête des cimetières par le chrysanthème

1919 : Une initiative de Clémenceau devient tendance

Avant le XIXe siècle, les tombes étaient surtout ornées de bougies le 2 novembre, jour des morts. Les chrysanthèmes étaient presque inexistants, à part de rares pots apparus vers 1850. Tout change en 1919.

Georges Clémenceau, alors président du Conseil, suggère de fleurir les tombes des soldats de la Première Guerre mondiale pour le premier anniversaire de l’Armistice. Pourquoi le chrysanthème ? Car en novembre, peu de fleurs résistent encore. Il fleurit juste au moment idéal et supporte les premières gelées jusqu’à -15°C. Ses fleurs persistent des semaines, même sous la pluie froide. Ainsi commence la tradition.

Du 11 novembre au 1er novembre… par commodité

L’habitude se généralise rapidement de la tombe des militaires à toutes les sépultures familiales. Un petit ajustement de calendrier aussi : le 11 novembre reste férié, mais la Toussaint, le 1er novembre, devient le jour du chrysanthème. C’est plus pratique pour les déplacements familiaux et cela s’aligne avec le calendrier religieux.

Aujourd’hui, on vend plus de 20 millions de pots en France durant cette période. Ce chiffre démontre à quel point le geste est devenu un réflexe, presque rituel, un siècle plus tard.

Anatomie d’une robuste fleur

Proche parent de la marguerite, mais plus robuste

Le chrysanthème appartient à la famille des Astéracées — celle des marguerites, des asters, des tournesols. Cette parenté est visible dans la structure de la fleur : de nombreux petits fleurons serrés qui forment soit une belle sphère, soit une grande marguerite. L’espèce privilégiée par les fleuristes est Chrysanthemum morifolium.

En termes d’esthétique, il y en a pour tous les goûts. Les variétés « marguerites » conservent un cœur jaune entouré de pétales bien distincts. Les « pomponettes » offrent ces sphères parfaites qui charment dans les compositions automnales. Selon les variétés, elles mesurent de 30 cm pour les formats en pot jusqu’à 1,50 m pour les spécimens de massifs.

Du jaune d’or à toute la gamme de couleurs

« Chrysanthème » provient du grec : chrysos (or) + anthemon (fleur), une référence au jaune brillant des espèces sauvages asiatiques. Mais les sélections modernes ont diversifié la palette : rouge intense, blanc immaculé, rose sucré, orange vif, pourpre sombre, bicolores… Il y a forcément une teinte pour s’accorder à vos préférences.

La floraison s’étale de juin à novembre selon les variétés. Les plus précoces commencent en plein été, tandis que les plus tardives réservent leurs éclats pour les dernières douceurs d’automne. Cela permet de jouer avec les couleurs sur plusieurs mois au jardin.

Cultiver correctement (et le maintenir en vie)

Ce qu’il lui faut pour s’épanouir

Le chrysanthème n’est pas très exigeant, mais il a ses préférences :

• Du soleil : au moins 5 à 6 heures par jour, sinon il dépérit
• Un sol bien drainé : l’eau stagnante est l’ennemi des racines
• Un pH neutre à légèrement acide : entre 6,0 et 7,0, c’est idéal
• Un endroit abrité : les tiges hautes n’apprécient pas les vents forts

Sa principale qualité est sa résistance au froid. Une fois bien établi, il survit jusqu’à -15°C sans problème, à condition que le sol ne reste pas gorgé d’eau tout l’hiver. Peu d’autres plantes ornementales offrent une telle résilience en novembre.

Un paillage de 5 à 10 cm autour du pied avant les grands froids (feuilles mortes, paille, écorces) protège les racines et réduit les chocs thermiques. Simple et efficace.

Entretenir sans complications

Pour prolonger la floraison en pot, enlevez les fleurs fanées régulièrement, en coupant juste au-dessus d’une feuille. Cela encourage la production de nouveaux bourgeons. Arrosez modérément — le substrat doit rester humide mais jamais saturé. Et surtout, videz la soucoupe après l’arrosage : l’eau stagnante peut être fatale.

Entretien saisonnier :

Après la Toussaint, vous pouvez le planter en pleine terre. Attendez la fin novembre, taillez-le à 15 cm du sol, et placez-le dans un trou spacieux avec du compost au fond. Au printemps, il repoussera vigoureusement. Au fil des ans, la touffe se densifie et la floraison devient encore plus spectaculaire.

Perceptions mondiales divergentes

En Asie, un symbole de longévité

En Chine, où il est originaire, le chrysanthème est loin d’être associé au deuil. Il est cultivé depuis 2 500 ans comme symbole de longévité et de santé. Ses pétales séchés sont même utilisés dans des tisanes médicinales, appréciées pour leurs vertus apaisantes et détoxifiantes. Chaque automne, il est célébré lors de festivals dédiés.

Au Japon, le kiku (chrysanthème) est encore plus valorisé : il est présent sur l’emblème impérial. Seize pétales stylisés représentent le pouvoir et la continuité. On le retrouve sur les passeports et dans les cérémonies officielles. Les expositions automnales montrent des arrangements floraux impressionnants, façonnés selon des techniques ancestrales.

En Australie, une fleur pour la fête des mères

En Australie, le chrysanthème est offert en mai, pour la fête des mères (qui se tient en automne là-bas). Aucune connotation funéraire, seulement une belle fleur de saison pour célébrer les mamans. Cela montre bien que le sens attribué à une plante peut varier grandement selon le contexte culturel. Une même plante, des significations radicalement différentes selon les régions.

Le chrysanthème n’est pas seulement une fleur de cimetière. C’est également une vivace robuste et généreuse, résistante au froid, qui mérite pleinement sa place dans un jardin d’automne. Que vous souhaitiez rendre hommage à vos proches ou simplement profiter de ses couleurs jusqu’en décembre, il saura répondre à vos attentes.

Et vous, avez-vous des variétés favorites ? Des conseils pour prolonger leur beauté ? Partagez vos idées en commentaires, elles intéresseront sûrement la communauté.