Sommaire
Récapitulatif :
- Le hérisson, contrairement à la marmotte, ne dort pas d’un trait durant six mois ; il se réveille périodiquement
- Ces réveils sont essentiels pour qu’il puisse uriner, changer de position, et surtout boire, afin d’éviter la déshydratation
- Les jeunes hérissons nés après juillet ont souvent des réserves de graisse insuffisantes et se réveillent plus fréquemment
- Les variations climatiques, avec des températures fluctuantes, épuisent rapidement leurs réserves énergétiques limitées
Le hérisson européen (Erinaceus europaeus) ralentit bien son métabolisme en hiver, mais ne sombre pas dans un sommeil ininterrompu. Imaginez plutôt qu’il alterne entre de longues siestes et de courts moments de réveil. Durant les périodes plus clémentes, il quitte son abri de feuilles mortes, se déplace un peu, flaire l’environnement. Et c’est là que l’accès à l’eau devient critique.
Un adulte en bonne santé a besoin d’environ 50 millilitres d’eau par jour lorsqu’il est actif. Ce n’est pas beaucoup, mais en hiver, quand les points d’eau sont gelés, même cette petite quantité devient cruciale. C’est encore pire pour les jeunes hérissons dits « tardifs », qui n’ont pas pu accumuler les 600 grammes nécessaires pour bien affronter l’hiver, et qui épuisent très vite leurs maigres réserves. Sans eau accessible, ils peuvent se déshydrater en moins d’une semaine.
Les fluctuations de température ajoutent une pression supplémentaire. Un jour il peut faire -5°C et le lendemain +8°C, perturbant totalement leur cycle d’hibernation. Le hérisson se réveille, brûle sa précieuse graisse… pour rien, car la nourriture reste rare. C’est ici que votre intervention peut vraiment faire la différence.
Une simple balle, un peu de vent, et adieu la glace
Le principe (étonnamment simple)
Placez une balle de tennis à la surface d’un récipient peu profond comme une vasque ou un abreuvoir. Le vent la fera bouger, même légèrement. Ce mouvement, bien que minime, empêche les cristaux de glace de se former. Ainsi, même à -5°C, un espace libre persiste à la surface de l’eau. Cette ouverture dans la glace devient une oasis pour tous les animaux du jardin.
Cette technique est scientifiquement approuvée. La RSPCA (Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals) la recommande depuis 2015, et la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) française l’a adoptée en 2018. Il est conseillé de mettre ce système en place dès novembre, avant que les températures ne commencent à fluctuer.
L’avantage ? Aucune consommation électrique, aucun entretien quotidien. La balle travaille 24h/24 et profite à tous : hérissons, oiseaux, insectes aquatiques et autres petits animaux nocturnes.
Quelques conseils pour optimiser l’efficacité
- Choisissez le bon récipient : peu profond (5 à 10 cm maximum) avec des bords en pente douce pour permettre à un hérisson tombé accidentellement de sortir facilement
- Installez-le près des refuges naturels : à côté d’une haie, d’un tas de compost ou d’un tas de bois, là où les hérissons sont déjà susceptibles de se trouver
- Utilisez une balle propre mais usée : évitez les balles neuves qui peuvent être vernies ou traitées chimiquement. Une vieille balle de tennis nettoyée est idéale
- Anticipez les premières gelées : placez le dispositif mi-novembre, lorsque les prévisions météorologiques annoncent des températures négatives nocturnes
- Surveillez régulièrement : assurez-vous que la balle bouge toujours et qu’elle n’est pas coincée dans un coin gelé
Combien de points d’eau installer ?
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Taille du jardin
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Nombre de vasques
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Capacité recommandée
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Petit (moins de 100 m²)
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Un seul point suffit
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1 à 2 litres
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Moyen (100 à 500 m²)
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2 à 3 points espacés
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2 à 3 litres chacun
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Grand (plus de 500 m²)
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3 à 5 points
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3 à 5 litres chacun
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Pourquoi plusieurs ? Un hérisson explore souvent. Durant une nuit, il peut visiter 3 à 5 jardins différents. Multiplier les points d’eau augmente ses chances de survie.
Transformer son jardin en refuge : plus qu’une question d’eau
Le coin désorganisé qui sauve des vies
L’eau est essentielle, mais sans abri, le hérisson ne survivra pas à l’hiver. Laissez donc un coin de votre jardin en « désordre contrôlé ». Amassez un tas de feuilles mortes contre un mur, sous une haie ou dans un angle oublié près du garage, et assurez-vous qu’il atteigne au moins 50 cm de hauteur. Ajoutez quelques branches pour éviter que le vent ne disperse tout. Félicitations, vous avez créé un refuge cinq étoiles pour hérissons.
Et surtout, entre novembre et mars, oubliez le souffleur de feuilles et le broyeur. Ces appareils tuent chaque hiver des milliers de hérissons qui dorment juste sous quelques centimètres de litière. Laissez la nature agir : les feuilles se décomposeront naturellement et enrichiront votre sol au printemps.
Ouvrir un passage, ouvrir un monde
Saviez-vous que les hérissons sont de grands marcheurs ? Ils peuvent parcourir entre 1 et 3 kilomètres chaque nuit, en quête de nourriture et de partenaires. Mais dans nos quartiers résidentiels cloisonnés, des clôtures étanches les empêchent de circuler librement. Conséquence : des territoires fragmentés, des ressources inaccessibles, une population en déclin.
La solution ? Un trou de 13 cm de diamètre à la base de votre clôture. Assez petit pour ne pas laisser passer le chien du voisin, mais suffisant pour un hérisson. Mieux encore : parlez-en à vos voisins. Si trois d’entre eux font de même, vous créez un corridor écologique miniature. Et cela peut tout changer.
Neutraliser les pièges quotidiens
Votre jardin peut cacher des dangers inattendus :
- Bassin d’agrément : magnifique, mais potentiellement mortel si un hérisson y tombe. Installez une rampe de sortie (une simple planche rugueuse inclinée suffit)
- Filets de protection : relevez-les à au moins 30 cm du sol ou retirez-les complètement en hiver. Les hérissons peuvent s’y emmêler et mourir d’épuisement
- Granulés anti-limaces : à éviter. Les hérissons mangent les limaces empoisonnées et meurent à leur tour. Préférez les méthodes manuelles ou les pièges à bière
Tondeuse robot : programmez-la uniquement de jour (avant 18h). La nuit appartient aux hérissons, et ces machines peuvent les blesser gravement.
Nourrir les hérissons en hiver, est-ce nécessaire ?
Oui, cela peut leur être bénéfique durant les périodes de redoux. Vous pouvez leur proposer des croquettes pour chats (riches en protéines, idéalement sans céréales) ou de la pâtée à base de viande. Mais attention : jamais de lait. Les hérissons sont intolérants au lactose, ce qui peut leur causer des diarrhées mortelles.
Placez la nourriture sous un abri de fortune : une cagette renversée avec une entrée de 15 cm conviendra parfaitement. Cela protège de la pluie et décourage les chats trop curieux. Changez la nourriture tous les deux jours pour éviter les moisissures.
Et dès mi-mars, cessez tout. Le hérisson doit retrouver son régime alimentaire naturel : limaces, vers de terre, coléoptères, escargots. Cette aide alimentaire ne doit être qu’un soutien temporaire durant l’hiver, et non une dépendance.
Chaque action a son importance (vraiment)
Placer une balle de tennis dans une vasque peut sembler insignifiant, mais c’est précisément ce type de petite action qui peut tout changer. Ajoutez à cela un tas de feuilles non broyées, un trou dans la clôture, l’élimination des produits chimiques, et votre jardin devient un élément crucial d’un réseau de survie pour la faune locale.
Le hérisson n’est pas juste une boule de piquants attendrissante. C’est un régulateur naturel : il consomme les limaces, les escargots et les insectes nuisibles au jardin. Le protéger, c’est aussi se faciliter la vie au printemps. Et franchement, rencontrer un hérisson dans son jardin lors d’une soirée d’été, cela n’a pas de prix.
Avez-vous déjà observé des hérissons chez vous ? Avez-vous essayé la technique de la balle ou d’autres astuces ? Partagez vos expériences en commentaire : elles enrichissent la communauté des jardiniers.
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