Niché au cœur de la Touraine, le Château de la Bourdaisière est le gardien d’un trésor peu commun : une collection de 800 variétés de tomates, portant des noms aussi évocateurs que Téton de Vénus ou Cornue des Andes. Depuis trois décennies, ce lieu se dresse en rempart contre la standardisation de notre alimentation.
Sommaire
Vue d’ensemble :
- Tomates aux dimensions surprenantes (certaines pesant jusqu’à 500 grammes !)
- Techniques de culture partagées par le chef jardinier
- Conseils pour récolter et conserver ses propres graines pour la saison suivante
- Une véritable leçon de biodiversité en pratique
Avez-vous déjà croisé des variétés de tomates nommées Téton de Vénus ou Cornue des Andes ? Ces appellations charmantes révèlent bien plus qu’un simple caprice de botanique. Elles représentent quelques-unes des 800 variétés de tomates précieusement conservées au Château de la Bourdaisière en Touraine.
Imaginez : la plus vaste collection de tomates au monde, abritée par un château de la Renaissance, où chaque fruit a sa propre histoire. Depuis 1993, cet espace ouvert au public lutte contre la banalisation de notre alimentation. Et chaque année en septembre, il ouvre ses portes aux visiteurs durant un festival célébrant les saveurs de fin d’été et les variétés oubliées.
Lorsqu’un prince devient le sauveur des tomates du monde
L’aventure débute avec un coup de cœur. En 1993, Louis Albert de Broglie, affectueusement surnommé « le Prince Jardinier« , décide de dédier une partie de son domaine à la préservation des espèces végétales. Sa mission ? Sauver les variétés anciennes de l’oubli.
Aujourd’hui, grâce à Nicolas Toutain, qui protège cette collection depuis ses débuts, vous pouvez admirer des spécimens aux noms évocateurs tels que les Dix doigts de Naples (qui ressemblent bien à une main), l’Erika d’Australie, ou encore la Green Zebra, zébrée comme son nom l’indique.
Le travail débute en février sous les serres et continue avec les plantations de mi-mai pour culminer en un festival de couleurs dès juillet. Nicolas connaît chaque variété sur le bout des doigts : leurs besoins, leurs forces et leurs histoires.
Cette passion a été reconnue par l’obtention de l’agrément officiel du CCVS, validant la rigueur scientifique de leur préservation. Mais plus que les reconnaissances officielles, ce sont les yeux émerveillés des visiteurs qui constituent la véritable récompense de tant d’efforts.
De la plantation à la graine : les secrets du métier
Le calendrier du cultivateur de tomates parfait
Cultiver 800 variétés exige de la méthode. Voici les étapes suivies par Nicolas :
Février-mars : Tout débute au chaud, dans les serres. Chaque graine est semée dans un terreau bien drainé, à une température constante de 20°C.
Avril : Les jeunes plants sont progressivement exposés aux variations de température.
Mi-mai : Moment crucial de la plantation en pleine terre. Chaque variété a ses propres exigences de distance entre les plants.
Été : Attention constante. Tuteurage, élimination des gourmands, arrosage… Nicolas et son équipe sont très actifs.
Août à octobre : Le moment de la récolte, échelonnée selon la maturité des différentes variétés.
L’art délicat de récolter ses propres graines
Voici où le processus devient vraiment fascinant. Nicolas partage généreusement ses techniques durant les ateliers du festival. La méthode est plus simple qu’elle n’y paraît, mais extrêmement efficace.
Premièrement, sélectionner le fruit idéal : bien mûr, sans imperfection, représentatif de sa variété. Ensuite, extraire les graines avec leur gel protecteur et les laisser fermenter pendant 2 à 3 jours dans un verre d’eau. Cette étape permet de se débarrasser naturellement du gel et d’activer la germination.
Un tableau pratique pour s’y retrouver :
Type de tomate |
Fermentation |
Astuce de séchage |
Cerises |
2 jours |
Séchage rapide sur papier buvard |
Grosses variétés |
3-4 jours |
Étalage fin, retournement nécessaire |
Tomates vertes |
2-3 jours |
Récolter avant les premières gelées |
Le séchage final se fait à l’ombre, sur papier absorbant, avant un stockage hermétique au frais. Simple, non ?
Septembre : le festival qui excite les papilles
Découvrir Nicolas, c’est déjà une aventure en soi
Deux fois par jour (10h30 et 15h), Nicolas Toutain répond aux questions des visiteurs. C’est l’occasion rêvée de découvrir les secrets de ses cultures. Maladies, associations idéales, techniques de taille… aucun détail n’échappe à son savoir-faire.
Mais le festival offre bien plus qu’une simple visite :
Les dégustations à l’aveugle vous feront redécouvrir des saveurs inattendues. Qui aurait pensé qu’une tomate puisse avoir un goût de pêche ou révéler des notes épicées ?
Les Disciples d’Escoffier transforment ces fruits en délicieux petits plats, montrant comment valoriser chaque variété selon ses caractéristiques.
L’atelier graines est rapidement addictif. Repartir avec ses propres semences, c’est emporter un peu de ce patrimoine chez soi.
Entre tradition et innovation
Jacky Mercier, producteur biologique local, présente ses tomates multicolores qui rivalisent d’éclat avec celles du conservatoire. Un hommage à tous ceux qui poursuivent cette passion au-delà des murs du château.
Le stand graines du conservatoire attire les foules : plus de 200 variétés disponibles pour enrichir votre jardin. De quoi transformer votre espace vert en un véritable musée vivant !
Et pour les plus aventureux, l’escape game « Les Graines d’Angelier » invite petits et grands à explorer les souterrains du château. Objectif : retrouver des graines cachées d’une variété révolutionnaire. À la fois ludique et éducatif !
Pourquoi ce conservatoire est important pour nous tous
Chaque tomate de cette collection illustre une leçon d’humilité. Nos supermarchés ne proposent souvent qu’une poignée de variétés, alors que la nature en a créé des milliers. Cette uniformisation nous prive non seulement de diversité gustative, mais aussi d’une assurance génétique essentielle pour l’avenir.
Oui, face aux changements climatiques, ces variétés anciennes pourraient s’avérer cruciales pour sauver nos cultures. Certaines résistent naturellement à la sécheresse, d’autres supportent mieux les hautes températures. Le conservatoire se consacre activement à ces adaptations.
Les vingt variétés de basilic et trente de menthe qui agrémentent la visite ne sont pas là par hasard. Elles créent un environnement propice, attirent des auxiliaires et éloignent certains nuisibles. Un écosystème méticuleusement orchestré.
L’engouement croissant pour le festival (plusieurs milliers de visiteurs annuellement) témoigne de l’efficacité de cette sensibilisation. De plus en plus de jardiniers repartent avec la volonté de diversifier leurs plantations et de préserver ce patrimoine dans leurs propres jardins.
Cette collection nous rappelle finalement une vérité fondamentale : la diversité, c’est la vie. Chaque variété préservée aujourd’hui représente un espoir pour demain. Et accessoirement, cela ajoute un délice indéniable dans nos assiettes ! Découvrez également comment valoriser la tomate de l’entrée au dessert dans notre article.
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